RIALZU

RIALZU

(Soleil Zeuhl 16 // CD)

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Réédition d’un album de 1978, avec bonus (dont 1 petite video live). Un lyrisme sombre règne sur ce disque consacré au mariage de la culture corse à la musique rock. Entre MAGMA, OTTOBRE et KING CRIMSON. Label SOLEIL ZEUHL.

À moins de considérer que tout ce qui est obscur est digne d’intérêt, il n’est pas certain que la réédition d’albums oubliés ait toujours un sens. Pourtant, l’unique disque de Rialzu, édité en 1978 à seulement mille exemplaires, prouve qu’il existe des œuvres à redécouvrir.

L’originalité de Rialzu, c’est de faire se rencontrer deux mondes au tempérament fort et à la beauté intemporelle : la Zeuhl et le chant Corse. Presque un choc de Titans ! Composée de trois titres pour à peine trente minutes d’enregistrement studio (plus deux titres lives en bonus), U Rigiru est un expérience brève mais remarquable par l’évidence et la beauté de son alchimie. Partis de l’idée qu’une culture qui ne s’approprie pas la nouveauté meurt, même dans des habits majestueux, et inspiré par la diversité des nouveaux rivages abordés par la musique de l’époque, les musiciens de Rialzu iront donc « corsiser » leurs désirs et leurs plaisirs en enrichissant la Zeuhl d’une nouvelle influence venue des chants polyphoniques corses. Il y a plusieurs approches de l’abîme : celle qui mène à un chaos anarchique et violent ou, comme Rialzu, celle qui mène à quelque chose de vaste, plein et mystérieux et dont U Rigiru témoigne à travers un style sans âge. Loin de toute superficialité, parfaitement interprétée, cette musique nous force à écouter l’universel dont elle semble dépositaire, ce qui n’est pas une mince qualité.

Suffisamment rare également pour être signalé, il faut ajouter que les deux titres live en bonus, loin d’être inutiles et au-delà de la qualité médiocre du son, viennent enrichir cette édition et démontrent que si une musique possède une vraie dimension malgré les conditions techniques, rien ne peut l’empêcher de nous toucher au plus profond de notre être.
Élaborée en pleine période de la renaissance de l’identité Corse, on regrette seulement que la musique de Rialzu – qui signifie « renaissance » – n’ait jamais eu les moyens de poursuivre dans cette voie et de produire d’autres albums. Quand on sait que U Rigiru a été enregistré en un jour par des musiciens n’ayant jamais mis les pieds dans un studio, il n’est pas difficile de se convaincre que le groupe aurait pu aboutir à de bien belles choses.

Christophe MANHÈS (progressia.net)